Cher-e-s
amapien-ne-s et cher-e-s collègues paysan-ne-s en AMAP,
Comme
il est de tradition en ce début d'année, je voudrais tout d'abord,
au nom du COPIL
Comité de pilotage du réseau régional Les AMAP de Provence, vous
adresser à
chacun-e nos meilleurs vœux de santé et prospérité pour 2017, pour
vous, vos
familles, vos amis, en vous souhaitant pour cela, et entre autres,
de continuer
longtemps à partager de bons repas préparés avec les aliments bios
de nos
paysan-e-s en AMAP .
Je
voudrais également profiter de ces vœux pour faire un point avec
vous sur
l'état de notre réseau Les AMAP de Provence.
Notre
mouvement s'enracine de jour en jour, non seulement en France, où
nous sommes
maintenant reconnus par beaucoup de nos partenaires
institutionnels comme des
interlocuteurs incontournables et représentatifs de la société
civile, mais
aussi dans de nombreux pays à travers le monde. C'est que face à
la crise
agricole et alimentaire générée par la mondialisation des échanges
et la
financiarisation de l'économie, les AMAP et plus globalement les
PLS
(Partenariats Locaux Solidaires) représentent une alternative
citoyenne
crédible qui permet de maintenir sur nos territoires un modèle de
souveraineté
alimentaire basée sur des méthodes d'agro-écologie paysanne bio.
Le
paradoxe pour notre réseau Les AMAP de Provence est que 2016 aura
encore été
une année traumatique. Alors que le redressement entrepris depuis
2013 nous
avait permis de retrouver un relatif équilibre financier, nous
n'avons pas pu
surmonter le désengagement partiel de nos partenaires régionaux
sur les deux
dossiers des agricultures alternatives et de l'Economie Sociale et
Solidaire,
la REGION préférant dorénavant s'investir plutôt sur des
cofinancements
européens (programmes FEADER, LEADER). Résultat : nous avons dû
procéder
au licenciement économique de nos deux animatrices de territoire
(Vanessa et
Anne), et nous n'avons pu renouveler le CDD d’Hélène, notre
chargée de mission
auprès du réseau de paysans conseils PAYSAMAP. Ces décisions
douloureuses
prises en urgence nous ont laissé exsangues, avec des capacités
d'intervention
sur le terrain quasiment réduites à néant en dehors du dévouement
des
bénévoles, mais du moins nous ont permis d'aborder 2017 en ayant
évité un
sinistre budgétaire, même si notre trésorerie reste fragile en ce
début
d'année.
A
cette occasion, je voudrais saluer encore une fois, la maturité,
le
professionnalisme et la loyauté de nos salariées (aussi bien
celles qui ont été
licenciées que Coralie actuellement en poste) et les remercier
d'avoir su
rester lucides, courageuses et pragmatiques face à une situation
très
compliquée qui a provoqué tant de doutes et de tensions au sein du
COPIL.
Puisque
nous en sommes aux remerciements, je voudrais aussi saluer
l'engagement de tous
les bénévoles sur le terrain, qu'ils soient référents ou
responsables, sans
lesquels aucune AMAP ne pourrait fonctionner, ainsi que l'équipe
d'amapiens et
de paysans qui anime la CAgETte (Commission Agricole et Ethique)
pour son
investissement avisé au service du respect de la Charte des AMAP,
de
l'élaboration et du suivi des questionnaires d'évaluation
participative, sans
compter sa réelle capacité d'expertise et de médiation dans des
situations
quelquefois très conflictuelles ou compliquées auxquelles
certaines AMAP sont
confrontées.
Bien
au-delà, je tiens aussi à remercier tous les amapien-ne-s qui,
sans forcément
avoir le temps de s'investir d'avantage, renouvellent néanmoins à
chaque saison
leur contrat avec les paysans pour la
livraison d'un panier AMAP.
C'est
un geste d'apparence simple, mais qui en fait est énorme par
l'effet levier
qu'il induit. En tant que paysan, (et je pense pouvoir aussi le
dire au nom de
tous les paysans en AMAP) je peux vous assurer que grâce à ce
soutien, nombre
de fermes ont pu renouer avec une forme de sécurité et de
stabilité inconnue
par ailleurs sur des marchés concurrentiels fonctionnant comme de
véritables
machines à éliminer les petites fermes.
Souvent
absorbés par les difficultés, les tâches quotidiennes et les
tensions qui en
résultent, on a un peu trop tendance à oublier à quel point les
amapiens sont
des gens formidables, et les AMAP une aventure collective et
conviviale unique
en son genre. Que cela soit donc dit aujourd'hui, et souhaitons
longue vie aux
AMAP !!
Sans
transition, nous passons en 2017, car plusieurs chantiers vont
s'ouvrir.
En
premier lieu démarre ces prochaines semaines avec le cabinet
Cerruti un DLA
(Dispositif Local d'Accompagnement) que nous désirons ouvrir
largement à toutes
les bonnes volontés souhaitant s'investir dans la vie du réseau.
Certain-e-s
voient dans ce dispositif l'occasion de mener une refondation du
réseau en
s'interrogeant sur ce qui fait ses valeurs et son utilité.
D'autres, et cela
n'est pas incompatible, y voient surtout l'occasion de préparer à
l'horizon
2018 le retour à une autonomie régionale pleine et entière (car
depuis 2013,
nous sommes une section régionale du réseau inter-régional
MIRAMAP). D'autres encore,
ayant déjà participé au DLA d’Alliance Provence, sont en plein
questionnement.
Si
la trésorerie et les cadrages institutionnels le permettent, nous
devrions
lancer aussi en 2017 le projet de territoire que nous avons
présenté dans le
cadre du GAL PROVENCE VERTE SAINTE BAUME et qui concerne les 56
communes du
territoire plus toutes celles incluses dans un rayon de 100 km
autour. En plus
des missions traditionnelles de notre réseau comme le soutien à la
création
d'AMAP et l'accompagnement des paysans, ce projet sera aussi
l'occasion de
valoriser les nombreuses initiatives prises par les amapien-ne-s
un peu partout
dans la région pour développer les
échanges et la solidarité (AMAP pour tous, animations
culinaires autour
des denrées d'AMAP, ateliers nutrition santé) et la mobilisation
citoyenne
autour des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT).
Un
dernier chantier qui nous tient à cœur, et sur lequel je ne peux
m'empêcher de
lâcher un grand coup de gueule, est celui des cotisations. Le cas
des paysans
en AMAP est hélas tristement significatif. Sur 400 paysans environ
qui
travaillent dans notre réseau, 95 seulement ont réglé leur
cotisation 2016.
Avec d'autres paysans conseils au sein de PAYSAMAP, nous
n'arrivons même pas à
comprendre comment on peut « oublier » de payer quelques dizaines,
voire centaines d'euros (pour les plus gros chiffres d'affaires
réalisés en
AMAP) à un réseau dont les missions sont justement d'assurer la
défense
collective et le développement équilibré des AMAP afin qu'un
maximum de paysans
puissent y travailler. Passe encore (mal!) que ce soit sous
l'effet de la
simple négligence, mais quand nous en entendons certains nous dire
« A
quoi sert le réseau ? » on touche là à cette forme
d'individualisme
forcené qui, avec le culte de la performance, est la marque de
fabrique du
monde agricole conventionnel, mais n'a pas sa place au sein des
AMAP. Nous
avons plusieurs fois envoyé de longs courriers didactiques,
détaillés, afin
d'expliquer l'utilisation des cotisations, en particulier sur le
soutien que
PAYSAMAP, le réseau des paysans-conseils, apporte aux nouveaux
paysans qui
souhaitent s'installer, et sur le rôle joué par le réseau dans
l'aide à la
création de nouvelles AMAP. Toutes ces actions permettent au final
que la vente
en AMAP ne se termine en foire d'empoigne sous l'effet d'une
concurrence
acharnée entre paysans eux-mêmes.
Force
est de constater que ceux qui refusent de régler leur cotisation au réseau
foulent aux pieds
les valeurs de solidarité inscrites dans la Charte des AMAP qu'ils
ont
normalement lue et approuvée. Vous l'aurez compris, je vous incite
donc à
foncer sur votre chéquier et régler vos cotisations 2016 en
retard, et dans la
foulée celle de 2017 ! Qu'il soit bien entendu que les cotisations
ne sont
pas une option facultative, mais une obligation ardente.
Denis
CAREL, Éleveur Paysan,
Porte-parole
du réseau Les AMAP de Provence
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